Chapter 5 - Chapitre 5 - Juger En Regardant

Chapitre 5 Juger en regardant



L'adolescente n'a quitté le garçon que vers sept heures le soir. Il s'est finalement présenté après un bon bout de temps : Jeffrey. Mais il n'a pas osé parler de sa vie et de la raison pour laquelle il vit dans la rue. Il a très peu parlé d'ailleurs.

Victoria n'est pas rentrée chez elle après être partie du quartier pauvre. Elle s'est plutôt dirigée vers le domaine des Antités. Elle s'est assise sur le bord du rivage et elle a attendu de voir la créature, qui s'est pointée dix minutes avant qu'elle ne retombe dans un grand sommeil. Elle se retrouva une fois de plus dans un rêve, qui dura toute la nuit. Cette fois, Victoria ne semble pas être tombée sur une partie de l'histoire du domaine. Elle ne sait pas où elle est : c'est un vieux village bordé par une grande falaise au nord. C'est dans le passé c'est certain, mais elle ne sait pas quand. Pour une deuxième fois, elle est invisible à la vue de tous et ne peut rien entendre.

Elle se sent entraînée vers une petite maison bien normale au fond de la rue où elle est atterrie dans son rêve. Elle rentre dans cette maison en passant à travers une fenêtre ouverte. Contrairement à la croyance populaire, les entités ne passent pas toujours à travers les murs.

Victoria se dirige vers une chambre. Elle est attirée par un enfant d'environ six ans qui est dans son lit et qui essaie de s'endormir difficilement. Elle le regarde de loin dans le fond de sa chambre. Il y a un lit superposé ; le garçon a une grande soeur qui doit avoir dix ans. Le garçon se lève avec son ours en peluche et il va vers une autre pièce. C'est la chambre de ses parents mais il n'y a que sa mère dans le lit double.

L'enfant grimpe sur le lit. L'adolescente est en dehors de la chambre et regarde du court couloir en plancher de bois. Elle n'entend rien de ce qui se passe autour d'elle, mais le jeune semble demander quelque chose à sa mère. Après cela, le jeune garçon paraît fâché, car sa mère n'a pas remué les lèvres. Le garçon retourne dans sa chambre en vitesse en laissant son ourson sur le lit avec sa mère. Il s'habille rapidement d'une chemise blanche et d'un pantalon vert forêt et va dans l'entrée de la maison. Il fouille dans un coffre et il en prend une veste et un chapeau de la même couleur que ses pantalons et les enfile. Il sort dehors après avoir mis ses bottes noires. Victoria le suit toujours de près.

Le jeune garçon reste un moment au bord de la porte dehors. Sa grande soeur le regarde par la fenêtre, en pyjama violet. Elle lui fait signe de non avec la tête, mais lui, commence son chemin vers la gauche et marche dans la rue, ne semblant pas savoir où il va. Victoria regarde bien le jeune : si ça se trouve, c'est quelqu'un qu'elle connaît dans le présent.

Elle voit les voisins qui sont pliés en deux et qui se bouchent les oreilles tellement le bruit est fort, mais elle n'arrive pas à l'entendre. Au moment où elle retourne la tête vers le jeune garçon, il commence à courir. Après avoir couru près de cent mètres et s'être rendu au bout de la rue, le jeune garçon arrive devant une vieille usine aux anciennes fonctions inconnues qui est en démolition. Le jeune ne se préoccupe pas du bruit, même si tous les paysans semblent devenir sourd à cause de cela. Il y a une pancarte à l'entrée du terrain sur laquelle il est écrit : Ici se tiendra la construction d'un réacteur, financé par Yasmine Rérad.

Des travailleurs prennent une autre pancarte plus vieille pour la déplacer et la mettre dans un gros camion, déjà presque rempli débris. Sur celle-ci, il est écrit : Renard Rérad. D'après Victoria, c'est le nom de l'usine, ou de l'homme qui a fait construire cette usine auparavant. Elle voit le jeune garçon qui recommence soudainement à courir, dans la direction d'un des travailleurs.

Ils s'enlacent; ce doit être son père, la personne qu'il cherchait en sortant de chez lui comme ça sans rien dire à sa mère d'où il allait. Une autre femme habillée proprement et en pantalon, comme les hommes, vient s'interposer à l'homme et l'enfant. Elle semble être vraiment riche. Elle paraît fâchée et elle fait signe à l'enfant de s'en aller.

Il fait ce que la femme lui montre. C'est une grande châtaine aux yeux bruns qui ne se laissent pas intimider. Ses cheveux sont peignés vers l'arrière et lui arrivent au cou. Elle porte un complet d'un violet très foncé avec de fines lignes blanches. Elle est la seule femme sur le terrain et elle reste à l'écart en regardant les opérations. L'adolescente émet l'hypothèse que ce peut être Yasmine, cette femme.

Le garçon rentre frustré à la maison. En arrivant, il va à l'arrière de la demeure. La vue est plus belle quand on regarde la maison que quand on regarde de l'autre côté parce que c'est la falaise. Le garçon se couche dans l'herbe, les bras croisés derrière la tête. Il la tourne vers la grange qu'il y a à sa gauche. Il semble intrigué par celle-ci et il y va, toujours suivit de près par Victoria.

Le jeune garçon rentre lentement. Les animaux ne semblent pas avoir entendu celui-ci rentrer. Il regarde à sa droite et aperçoit une pile de vieilles boîtes brunes. Il s'en approche et les vérifie une par une. Il y a quatre boîtes. Dans la première, il y a des réserves de nourriture ainsi que dans la deuxième. La troisième boîte contient des livres de toute sorte : de cuisine, d'architecture, et même des vieux livres d'école, qui pourraient possiblement appartenir à ses parents. Victoria ne peut le savoir, elle ne connaît pas leurs noms. Le garçon s'arrête plus longtemps sur la dernière boîte.

Il en sort un étui noir qui n'est pas très abîmé. Il y a plusieurs cahiers dans la boîte aussi. La jeune fille s'approche pour voir de quoi il s'agit, tout en essayant de ne pas toucher le garçon. Ce sont des cahiers de musique.

Le garçon ouvre finalement l'étui. Il y a une trompette. Le jeune garde un des livres de musique qu'il a rapidement feuilleté et sort de la grange avec la trompette. Il retourne s'asseoir sur le gazon où il était tout à l'heure.

Avant même que le garçon ne commence à essayer de jouer, la terre se met à trembler. La mère du garçon l'appelle en ouvrant brusquement la porte. Sa soeur aussi est là. Le garçon va avec elles, sans oublier la trompette. La falaise commence à s'écrouler. La petite famille s'éloigne de la maison en courant, comme les autres. Ils vont à l'abri dans une grotte au fond de la ville. Certaines personnes manquent à l'appel : l'homme que le jeune garçon a enlacé tout à l'heure n'est pas là.

L'usine que les travailleurs démolissaient était elle aussi au bord de la falaise. Il se peut que ce soit les travailleurs qui ont fait s'effondrer la falaise en voulant détruire autre chose. Victoria se demande si les hommes qui travaillaient n'ont pas tous étés enterrés sous les débris de la falaise.

Le garçon se détache farouchement de sa mère. Il laisse la trompette à l'entrée de la grotte et il s'en va sans se faire rattraper. Il va probablement voir où était l'usine. Les tremblements ont cessés. Des gardes arrivent à la grotte cinq minutes après le départ du jeune garçon et prennent possessions de tous les biens de habitants, ainsi que la trompette.

Quant au garçon, il arrive près de l'usine démolie et en partie engloutie par des gros morceaux de pierre qui se sont décrochés de la falaise. Les tremblements recommencent soudainement. Une pierre de la même grosseur du jeune lui roule dessus. Elle est trop lourde et il ne peut plus bouger, étant étendu sur un lit de roche par terre. Il essaie de respirer mais il a de la difficulté, car la pierre s'est posée sur son torse.

Victoria voit deux silhouettes au loin. Un fait signe à l'autre d'aller vers le garçon, qui est tombé inconscient par manque d'air. Celle qui fit ce signe est une silhouette assez soignée, mais elle porte des pantalons donc il est presque qu'impossible que ce soit une femme, à moins que ce soit la femme riche, mais il y a trop de poussière pour voir. Quant à l'autre silhouette, elle est plutôt dodue. Cette deuxième silhouette qui est sûrement d'homme bouge la pierre qui était placée par-dessus le garçon et le prend pour l'amener avec elle et l'autre personne.

L'adolescente se rapproche pour voir qui sont ces personnes. C'est la femme riche de tout à l'heure avec un homme lui aussi habillé en complet mais noir, à la veste blanche sans cravate, et qui semble être son garde du corps. Son visage rappelle quelque chose à Victoria. Celle-ci poursuit la route partout où va la voiture jusqu'à destination, deux heures plus tard.

Ils se rendent à un endroit bien différent du village du garçon ou de la ville de Yona. Ils l'ont emmenés dans une ville où contrairement au village détruit, il y a plein de voitures, de grands bâtiments et édifices. L'endroit précis où ils amènent l'enfant est une cathédrale assez spéciale. Les étages du haut de celle-ci ne sont réservés que pour les activités de la femme riche.

Le garçon ne s'est pas encore réveillé et le garde l'enferme dans un cachot au sous-sol du bâtiment. Il fait sombre, bien que ce soit la nuit, c'est naturel. Le jeune garçon se réveille trente minutes plus tard. À ce moment-là, le garde qui était resté devant la porte à l'extérieur du cachot ouvre la porte et celui-ci prend le garçon par le colet. Le garçon ne force même pas pour s'échapper car il est très épuisé et fatigué, n'ayant pas mangé ou bu depuis un bon moment. Le garde et le jeune montent des escaliers de pierre. En finissant de monter ces marches, il y a une porte de grande valeur en ardoise. Le garde, qui n'est pas habillé proprement, mais plutôt comme un paysan, l'ouvre. Cette porte donne sur un couloir au tapis rouge et au décor très luxueux. Le garde ouvre une autre porte sur sa gauche qui donne sur une autre pièce très luxueuse elle aussi.

Il y a de très grandes fenêtres au fond de la pièce qui laisse voir au garçon qu'il est dans une grande ville, et assez élevé du sol. Il y a des aquariums tout autour dans la salle, qui ne contient qu'un bureau et une chaise comme mobilier. La femme blonde de tout à l'heure est assise au bureau et écrit sur une feuille, gardant les jambes croisées en dessous de son bureau. Il y a deux gardes habillés en complet gris de chaque côté de son bureau. Trente secondes après l'entrée du garde et du garçon, la femme dépose son crayon, s'accote sur le dossier de sa chaise et croise les bras en regardant le jeune. Elle dit quelque chose, que Victoria ne peut pas distinguer, ni comprendre, comme d'habitude. Le garde pousse un peu le garçon et celui-ci s'approche du bureau. La femme se lève et se place sur le côté droit de son bureau en accotant sa main dessus et son autre sur sa hanche.

Elle s'adresse au garçon. Un instant passa et la femme fronça les sourcils et devint fâchée. Elle fait signe au même garde paysan de l'amener ailleurs. L'homme l'amène à sa voiture et part avec l'enfant pour une destination inconnue. Ils vont dans un endroit moins urbanisé, mais où les voitures roulent quand même beaucoup parmi les rues et les grandes routes.

Durant le trajet dans le camion, le jeune et l'homme s'adressèrent la parole de nombreuses fois, ce qui choqua encore Victoria de ne rien pouvoir percevoir. En arrivant au bord d'une forêt, l'homme fait s'arrêter la voiture et fait débarquer le jeune. Le garçon pleure quelques minutes, il ne sait plus quoi faire, étant dans un endroit que même l'adolescente ne reconnaît pas.

Le garçon commence à marcher dans la petite ville, qui est bien calme. C'est la nuit, comme dans le présent c'est sensé l'être. Il ne semble pas faire trop froid ou trop chaud. Le garçon regarde les alentours. Victoria voudrait bien l'aider mais elle ne peut rien faire car elle n'est qu'une entité dans son semblant de rêve. En y repensant, elle se demande encore quel rapport le domaine des Antités a avec l'histoire de ce petit garçon.

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